Relations Chine et l’UE : l’escalade commerciale touche les producteurs
L’escalade commerciale entre l’Union européenne et la Chine a des répercussions sur les producteurs français et européens de spiritueux.
Depuis quelques mois, les relations commerciales entre l’Union européenne et la Chine connaissent des tensions croissantes. En septembre, la Commission européenne a initié une enquête antisubventions sur les véhicules électriques à batterie importés de Chine, suspectant que ces véhicules bénéficiaient de subventions publiques non conformes aux règles du commerce international.
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Les conclusions de l’enquête ont révélé que certains constructeurs chinois de véhicules électriques bénéficiaient de subventions jugées déloyales. Ces pratiques auraient, selon la Commission européenne, faussé la concurrence sur le marché européen, au détriment des acteurs locaux. En réponse, la Commission a décidé d’imposer des droits supplémentaires à trois grands constructeurs chinois :
-un droit additionnel de 17,4 % pour le groupe BYD ;
-un droit de 19,9 % pour le groupe Geely ;
-et un droit de 37,6 % pour le groupe SAIC.
Ces mesures visent à rétablir un équilibre concurrentiel sur le marché des véhicules électriques dans l’Union européenne.
Le 4 octobre 2024, le conseil des ministres de l’Union européenne a officiellement approuvé l’application de ces droits supplémentaires. Peu de temps après, le 8 octobre 2024, le ministère chinois du Commerce a réagi en annonçant l’instauration de droits d’importation supplémentaires sur certains produits européens. Parmi ces produits figurent des spiritueux tels que le Cognac, l’Armagnac et les eaux-de-vie, principalement fabriqués en France.
Ces nouveaux droits, applicables dès le 11 octobre 2024, sont compris entre 30,6 % et 39 %.
La Chine, un marché clé pour les producteurs européens de spiritueux
En parallèle, les autorités chinoises ont exigé des importateurs qu’ils déposent des cautions douanières d’un montant équivalent à ces droits. Si l’enquête antidumping menée par la Chine valide ces mesures, ces cautions pourraient être prélevées rétroactivement. Cette décision affecte principalement les exportateurs de spiritueux européens, pour qui le marché chinois représente une part importante de leurs ventes.
La Chine est un marché clé pour les producteurs européens de spiritueux, en particulier pour le Cognac, dont environ 20 % de la production est destinée à ce pays. L’imposition de ces droits supplémentaires risque de rendre ces produits plus coûteux pour les consommateurs chinois, ce qui pourrait réduire la compétitivité des exportateurs européens. La mise en place des cautions douanières ajoute une incertitude supplémentaire, et pourrait peser sur les résultats financiers des producteurs de spiritueux si les droits deviennent permanents.
Ce développement survient dans un contexte de tensions économiques mondiales, où de nombreux secteurs font face à des coûts de production en hausse, à des perturbations des chaînes d’approvisionnement et à une demande volatile. Si les mesures antidumping chinoises venaient à se confirmer, les producteurs européens pourraient être amenés à ajuster leurs stratégies pour s’adapter à cette nouvelle réalité.
Les tensions ne se limitent pas au secteur des spiritueux. La Chine a également lancé des enquêtes antidumping sur d’autres produits agricoles européens, notamment les produits laitiers et la viande porcine, qui représentent également une part importante des exportations vers ce pays. L’Union européenne surveille de près l’évolution de ces enquêtes, car elles pourraient engendrer des mesures similaires dans d’autres secteurs.
Des relations commerciales interconnectées
A moyen et long terme, cette escalade commerciale pourrait redéfinir les relations entre l’Union européenne et la Chine. Les producteurs européens pourraient chercher à diversifier leurs débouchés pour compenser une éventuelle perte d’accès au marché chinois. Toutefois, cette diversification pourrait s’avérer complexe, étant donné que la Chine reste l’un des plus grands marchés mondiaux pour les produits européens, notamment les produits haut de gamme comme les spiritueux.
Les mesures de rétorsion entre l’Union européenne et la Chine montrent à quel point les relations commerciales entre ces deux puissances sont interconnectées. Les décisions prises par l’une des parties peuvent rapidement entraîner des contre-mesures de la part de l’autre, avec des effets directs sur des secteurs économiques spécifiques.
Alors que l’Union européenne cherche à protéger ses industries, notamment dans le secteur des véhicules électriques, la réaction de la Chine, en ciblant des produits phares comme les spiritueux, illustre l’ampleur des enjeux commerciaux entre les deux blocs. L’impact sur les producteurs européens, notamment français, reste à suivre de près, car il pourrait s’étendre à d’autres secteurs. A court terme, ces mesures risquent d’intensifier les défis auxquels sont confrontées les entreprises européennes opérant sur le marché chinois.