Les biomatériaux en santé pour une économie durable
auteurs
Nadia Normand Consultante/Experte
Parole d'expert

Les biomatériaux en santé pour une économie durable

Parmi les avancées prometteuses de la médecine, les biomatériaux occupent une place de choix. Les biomatériaux biodégradables ne sont plus de simples alternatives écologiques : ils sont devenus des piliers de l’innovation dans les secteurs de la santé et de l’environnement. Grâce à des avancées scientifiques majeures et à une pression réglementaire croissante, ces matériaux transforment les pratiques industrielles, médicales et sociétales.

Qu’est-ce qu’un biomatériau ?

Un biomatériau est une substance naturelle ou synthétique utilisée pour remplacer une fonction biologique. Il peut s’agir de polymères, de céramiques, de métaux ou de matériaux composites, souvent conçus pour être biocompatibles (pas de rejet, ni d’inflammation), biodégradables (se résorbant après avoir rempli sa fonction) ou bioactifs (stimulant une réponse biologique, comme la régénération cellulaire). Ces matériaux, conçus pour interagir avec les systèmes biologiques, transforment la manière dont nous réparons, remplaçons ou régénérons les tissus humains.

Des matériaux qui soignent… et disparaissent.

Les biomatériaux biodégradables sont utilisés dans les dispositifs médicaux temporaires, tels que les fils de suture résorbables, les stents vasculaires, les supports pour la régénération osseuse ou tissulaire. Ces matériaux se dégradent naturellement dans le corps, évitant ainsi des interventions chirurgicales supplémentaires. Les céramiques à base de composant naturel de l’os tel que l’hydroxyapatite sont utilisées pour réparer des fractures complexes, combler des pertes osseuses et favoriser la repousse osseuse et du tissu vivant. 

Des matrices de collagène sont utilisées pour traiter les brûlures graves ou les ulcères chroniques. Ces matériaux servent de support à la régénération de la peau. Des valves fabriquées à partir de polymères sont testées chez les enfants, pour grandir avec le patient, évitant ainsi les interventions répétées.

Des matériaux biomimétiques

Les chercheurs travaillent aussi sur des biomatériaux capables de libérer des médicaments de manière ciblée, notamment en oncologie, où la précision et la réduction des effets secondaires sont cruciales. Des capsules en alginate issu d’algues permettent d’implanter des cellules productrices d’insuline pour traiter le diabète de type 1. 

Des implants sont développés pour mesurer en continu le rythme cardiaque et diffuser des traitements localement. La bioimpression 3D permet aussi de créer des matériaux biomimétiques. Par exemple, des encres biologiques à base de gélatine, collagène ou fibrine permettent d’imprimer en 3D des structures tissulaires, comme des cartilages, des mini-organes ou organoïdes.
 

Une vision éthique durable 

Au-delà de leur efficacité clinique, les biomatériaux s’inscrivent dans une approche visant à répondre simultanément aux enjeux sanitaires et aux impératifs d’une économie durable. Par exemple, les pansements biodégradables enrichis en agents antimicrobiens réduisent les infections tout en évitant les déchets médicaux. Les textiles médicaux compostables tels que les blouses et les masques, réduisent l’impact environnemental des hôpitaux. 


Ces innovations s’inscrivent dans une logique d’économie circulaire, où les matériaux sont pensés dès leur conception pour être utiles, sûrs et peu polluants.