À l’heure où les entreprises doivent conjuguer performance économique et responsabilité sociétale, l’intéressement apparaît comme un levier concret particulièrement adapté pour sensibiliser, faire évoluer ou même transformer une entreprise à court ou moyen terme au regard de ses enjeux sociaux et environnementaux.
Dispositif souple, collectif et fiscalement attractif,
Il peut devenir un moteur puissant de transformation lorsqu’il intègre des critères de performance extra financiers en lien avec la RSE. Cette pratique, encore émergente mais en forte croissance, s’inscrit dans un double contexte : la montée en puissance des attentes sociales et environnementales des salariés et parties prenantes, et les obligations croissantes de reporting extra financier (directive CSRD, taxonomie européenne, etc.).
L’intéressement :
un dispositif attractif, souple et collectif
parfaitement adapté
à une politique RSE
Ouvert à toutes les entreprises de droit privé, quel que soit leur secteur ou leur taille, l’intéressement repose sur un accord conclu pour une durée de 1 à 5 ans.
Il permet d’associer collectivement les salariés aux résultats et/ou aux performances de l’entreprise, par le versement de primes bénéficiant d’un régime fiscal et social avantageux.
Quelques principes essentiels doivent être rappelés :
- Caractère collectif : tous les salariés doivent pouvoir en bénéficier et les performances individuelles ne peuvent être prises en compte dans le calcul ou la répartition des droits.
- Caractère aléatoire : ni le versement ni le montant ne peuvent être garantis, faute de quoi le dispositif serait requalifié.
- Souplesse de mise en place : l’accord peut être conclu avec les partenaires sociaux, par référendum ou, dans certains cas, par décision unilatérale de l’employeur.
Cette souplesse fait de l’intéressement un outil particulièrement adapté pour décliner une stratégie RSE dans la durée.
L'intéressement : un levier pour intégrer des objectifs de performance extra financiers
La formule de calcul de l’intéressement est libre, dès lors qu’elle repose sur des critères objectifs, quantifiables et vérifiables.
Si elle repose traditionnellement sur des résultats comptables (bénéfice fiscal, excédent brut d’exploitation, etc.), elle peut aussi inclure des critères extra-financiers ou combiner les deux.
Cette possibilité ouvre la voie à une intégration des objectifs RSE, qui deviennent alors un véritable moteur de mobilisation interne. En effet, les critères de performance sont plus libres : ils peuvent inclure l’atteinte d’objectifs qualitatifs ou quantitatifs proches des préoccupations du quotidien des salariés, offrant un cadre souple et adapté à chaque organisation / secteur d’activité.
L’intéressement permet ainsi de donner un sens à l’action des salariés, de les mobiliser en rendant concrets les enjeux de transition écologique propres à leur entreprise. Dans la pratique, les critères RSE représentent en général entre 5 % et 25 % de la formule de calcul.
La démarche peut être progressive : rares sont les entreprises qui basent l’intégralité de l’intéressement sur des critères extra-financiers.
👉 Conseil pratique : prévoir un panachage d’indicateurs financiers et RSE, afin d’assurer un équilibre entre performance économique et engagement durable.
Quels indicateurs sociaux et environnementaux choisir ?
La clé du succès réside dans le choix d’indicateurs adaptés au secteur d’activité, pertinents pour les salariés et mesurables objectivement.
Pour qu’un accord d’intéressement soit réellement efficace, il est indispensable d’identifier en amont, par un état des lieux, les enjeux sociaux et environnementaux majeurs propres à l’entreprise, ainsi que les indicateurs de performance sur lesquels les salariés peuvent agir.
👉 Conseil pratique : négocier en amont : la concertation avec les partenaires sociaux favorise l’appropriation et la légitimité du dispositif.
Exemples d’indicateurs environnementaux :
- Réduction de la consommation énergétique (électricité, gaz) (accord Elsan, hôpital privé du Grand Narbonne, 2025).
- Réduction des déchets produits et du coût de traitement.
- Diminution des émissions de gaz à effet de serre.
- Part des déplacements professionnels réalisés en modes de transport écoresponsables (accord Sogarep 2024-2026).
Exemples d’indicateurs sociaux et sociétaux :
- Taux de participation à des actions de bénévolat (accord Air Liquide Cryogenic Services 2025-2026).
- Réduction des écarts de rémunération femmes/hommes.
- Taux de réalisation de formations RSE (accord Sogarep 2024-2026).
- Mise en place d’un processus d’accueil des nouveaux arrivants.
- Développement d’une politique d’achats responsables.
Le nombre de critères en lien avec la performance extra-financière possibles est infini : il ne tient qu’aux entreprises d’imaginer et d’innover, sous réserve de respecter le caractère aléatoire de l’intéressement et que les objectifs opérationnels poursuivis soient clairs et quantifiables.
En intégrant des critères RSE au dispositif d’intéressement, l’entreprise affirme son engagement en faveur du développement durable auprès de ses collaborateurs et parties prenantes, faisant de ce mécanisme un levier concret pour renforcer leur motivation et leur implication active dans la démarche RSE, tout en accroissant l’impact positif des activités sur l’environnement et la société.
👉 Conseil pratique : privilégier des objectifs sur lesquels les salariés ont une influence directe. Un indicateur trop macro ou hors de portée risquerait de démobiliser.
L’intéressement : un outil vertueux de performance durable
L’intégration de critères RSE dans un accord d’intéressement permet de transformer un dispositif financier en véritable outil de gouvernance responsable.
Elle favorise :
- L’appropriation concrète des enjeux sociaux et environnementaux de l’entreprise par les salariés et leurs représentants ;
- Un alignement stratégique entre rentabilité, attractivité et responsabilité ;
- Une amélioration de la compétitivité, via des gains d’efficacité, une meilleure gestion des risques et l’innovation ;
- L’engagement et la fidélisation des talents.
En pratique, l’intéressement n’est plus seulement un mécanisme de partage de la valeur : il devient un vecteur de transition aligné sur les défis actuels de durabilité.
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