Difficultés des entreprises : anticiper pour rebondir
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Expert insight
12 September 2025

Difficultés des entreprises : anticiper pour rebondir

Prévenir pour mieux guérir : l’anticipation est la clé

De nombreuses entreprises sont confrontées, au cours de leur vie, à des difficultés économiques, financières ou organisationnelles, souvent accentuées par des contextes de crise ou de mutation. Pourtant, des solutions existent pour prévenir, accompagner et traiter ces situations, avant qu’elles ne deviennent irréversibles.

Le Livre VI du code de commerce offre un arsenal juridique permettant d’agir en amont, par des procédures amiables, ou en aval, par des procédures collectives adaptées.

Identifier les signaux faibles : les facteurs d’alerte à surveiller

L’un des enjeux majeurs est de préserver la valeur de l’entreprise, tant économique que sociale. Cela suppose de maintenir la confiance des partenaires, des salariés et des investisseurs. Une restructuration réussie est celle qui parvient à concilier rigueur et agilité, anticipation et réactivité.

Alors que les signaux d’alerte sont parfois ignorés ou minimisés, il est essentiel de rappeler que les dispositifs destinés à aider une entreprise à faire face à une difficulté, à la réorganiser ou la redresser afin d’assurer sa pérennité, ne sont pas des solutions de dernier recours. C’est une démarche proactive, qui peut être engagée dès les premiers signes de fragilité. Plus elle est anticipée, plus elle est efficace.

Parmi les indicateurs de fragilité :

  • Une baisse significative du chiffre d’affaires ou de la rentabilité.
  • Des retards de paiement récurrents (fournisseurs, créanciers fiscaux/sociaux).
  • Une détérioration du climat social ou une rotation excessive du personnel.
  • Des difficultés d’accès au financement ou un refus de renouvellement des lignes de crédit.
  • Une perte de confiance des partenaires commerciaux ou des actionnaires.
  • Des alertes internes : tensions entre associés, gouvernance instable, désorganisation.

Ces signaux doivent être pris au sérieux. Ils constituent autant d’opportunités d’agir avant la cessation des paiements, dans un cadre sécurisé et maîtrisé.

Les dispositifs de prévention : agir avant la rupture

Deux procédures confidentielles permettent d’intervenir avant que la situation soit obérée :

  • Le mandat ad hoc (article L611-3 du code de commerce) : sur demande du dirigeant, le président du tribunal désigne un mandataire pour faciliter la négociation avec les créanciers ou partenaires.
  • La conciliation (articles L611-4 à L611-15 du code de commerce) : ouverte aux entreprises rencontrant des difficultés avérées mais non insurmontables, elle vise à conclure un accord amiable sous l’égide d’un conciliateur.

Les procédures collectives : encadrer le traitement des difficultés

Lorsque l’entreprise est en état de cessation des paiements ou s’en approche, le code de commerce prévoit trois procédures principales :

  • La sauvegarde (articles L620-1 et suivants) : pour les entreprises qui anticipent des difficultés futures. Elle permet de geler les dettes et de mettre en place un plan de sauvegarde.
  • Le redressement judiciaire (articles L631-1 et suivants) : pour les entreprises dont le redressement est envisageable. Elle permet la poursuite de l’activité sous contrôle judiciaire.
  • La liquidation judiciaire (articles L640-1 et suivants) : lorsque le redressement est impossible, elle organise la cession des actifs et l’apurement du passif.

Un accompagnement stratégique et juridique

La réussite d’un traitement des difficultés repose sur une analyse fine de la situation, une anticipation des risques, et un choix éclairé des outils juridiques. L’accompagnement par des professionnels du retournement permet :

  • D’identifier les leviers de restructuration financière ou opérationnelle.
  • De sécuriser les relations avec les partenaires et les créanciers.
  • De préparer une sortie de crise maîtrisée et adaptée à chaque situation.